Guinée: Cellou Dalein, l'ultime combat d'un vétéran de l'opposition face à l'adversité politique

Né le 3 février 1952 à Labé, dans le nord de la Guinée, Cellou Dalein Diallo s’est imposé comme l’un des piliers de la scène politique guinéenne. Diplômé de l’École nationale d’administration, il commence sa carrière à la Banque centrale avant d’occuper divers postes-clés dans l’administration.
Sa réputation de technocrate rigoureux le mène à des responsabilités de haut niveau, jusqu’à devenir
Premier ministre entre 2004 et 2006, après avoir été ministre dans plusieurs départements durant une décennie.
En novembre 2007, après avoir quitté le Parti de l’Unité et du Progrès (PUP), au pouvoir depuis
l’instauration de la démocratie en Guinée dans les années 1990, il est élu à la tête de l’Union des
Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti d’opposition. Cette nouvelle position lui attire de nombreux adversaires, aussi bien dans les cercles du pouvoir que parmi ses concurrents au sein de l’opposition, tous résolus à faire obstacle à sa progression vers la présidence.
Vers une exclusion politique programmée ?
Le 31 décembre 2024, lors de son discours de vœux, le général Mamady Doumbouyah, chef de la
junte militaire, promet un retour à l’ordre constitutionnel en 2025 avec l’organisation d’une élection présidentielle. Pourtant, le principal opposant politique, Cellou Dalein Diallo, semble visé par une série de manœuvres politico-judiciaires. Accusé de corruption, de détournement de fonds publics et de blanchiment dans l’affaire de la privatisation d’Air Guinée, il est convoqué par la CRIEF (Cour de répression des infractions économiques et financières).
L’affaire d'Air Guinée, remontant à plus de vingt ans, est perçue par ses partisans comme une tentative flagrante d’écarter un adversaire politique redoutable à l’approche du scrutin. Un parti politique en perte de vitesse, le leader en exil
L’UFDG, longtemps la principale force de l’opposition, semble aujourd’hui affaiblie. L’éloignement
de son leader et le boycott des législatives et du référendum de 2020 ont vidé le parti de sa
représentation à l’Assemblée nationale et d’importantes ressources financières. Cette situation a poussé plusieurs cadres à quitter le navire. L’espoir suscité par la chute du régime d’Alpha Condé en septembre 2021 s’est rapidement évanoui, remplacé par une répression ciblée contre Cellou Dalein, notamment avec l’expulsion et la démolition de sa résidence de Dixinn en mars 2022.
En exil depuis 2022, le président de l’UFDG se trouve désormais confronté à un dilemme : peut-il continuer à diriger son parti depuis l’étranger, alors qu’un retour en Guinée l’exposerait à une arrestation arbitraire ?
Le scénario d’une condamnation judiciaire l’empêcherait de briguer la présidence en 2025 et signerait probablement la fin politique de l’UFDG. Une sortie historique s’offre peut-être à l’UFDG : celle d’une succession stratégique et pragmatique.
Un espoir demeure, à condition que Cellou Dalein fasse preuve de réalisme politique en cédant la
place à une figure compétente et courageuse. À l’instar du parti sénégalais Pastef, dont le leader
Ousmane Sonko, écarté de la course électorale, a désigné un successeur crédible, l’UFDG pourrait
emprunter une voie similaire. En désignant un nouveau porte-étendard pour l’élection présidentielle, le parti pourrait contribuer au retour de l'ordre constitutionnel en 2025 et préserver sa
survie politique.
Un combat de longue haleine
Trois fois candidat à la présidence (2010, 2015 et 2020), Cellou Dalein Diallo a toujours dénoncé
des fraudes massives ayant empêché la tenue d’élections libres et transparentes. En dépit de la répression, des accusations, et des violences, il est resté un fervent défenseur du dialogue politique, prônant la concertation et la non-violence. Sur le plan international, il a été reconnu pour son
engagement démocratique, notamment à travers ses fonctions au sein de l’Internationale libérale.
Un parcours semé d’embûches
Depuis 2009, les accusations autour de la vente d’Air Guinée ont régulièrement resurgi, sans jamais
aboutir jusqu’à récemment. Blessé lors du massacre du 28 septembre 2009, écarté du second tour en
2010 après avoir dominé le premier, empêché en 2020 malgré une victoire annoncée, Cellou Dalein
Diallo a souvent été la cible de campagnes hostiles. Ses domiciles ont été saisis, détruits ou menacés
; ses proches harcelés ; ses victoires contestées.
Cellou Dalein Diallo reste, pour de nombreux Guinéens, un symbole de la lutte pour la démocratie.
Mais aujourd’hui, le sort de l’UFDG est étroitement lié à sa capacité à se réinventer. Si son leader
persiste à vouloir porter seul le combat malgré les contraintes, le parti risque de sombrer. En revanche, une transition bien orchestrée pourrait sauver l’UFDG d’une disparition annoncée et permettre à une nouvelle génération de leaders d’émerger.
VIOLATION DU PRINCIPE DE LA CONTINUITÉ DE L’ÉTAT PAR LE CNRD ET SES ALLIÉS
1. Le principe de la continuité de l’État bafoué
Le principe de la continuité de l’État garantit la permanence des engagements et décisions d’un
gouvernement à un autre, qu’il soit civil ou militaire, sur le plan national et international. En Guinée, ce principe a été gravement compromis par trois régimes successifs, qui ont intenté à plusieurs reprises des poursuites contre Cellou Dalein Diallo, figure centrale de l’opposition, pour des faits déjà investigués, jugés infondés et classés sans suite.
2009 : Sous la junte de Dadis Camara, Cellou Dalein est accusé sans preuve de corruption dans la vente d'Air Guinée et d’occupation illégale de son domicile. L'affaire est classée sans suite après une enquête.
2015 : Le régime d’Alpha Condé relance une procédure administrative pour les mêmes faits,
à des fins électorales. Cellou Dalein est de nouveau blanchi.
2022-2025 : Sous la direction du général Mamady Doumbouyah, la junte militaire relance pour la troisième fois une procédure à la fois politique et judiciaire visant Cellou Dalein Diallo, principal opposant au régime et candidat pressenti à la présidentielle de 2025.
Ignorant les conclusions des régimes précédents, le CNRD et ses alliés procèdent à la
confiscation de la résidence de Cellou Dalein Diallo et l’inculpe à nouveau dans l’affaire Air Guinée
Ce triple acharnement contre un même citoyen pour les mêmes faits constitue une grave atteinte Ã
la stabilité juridique et politique de l’État guinéen.
2. Une justice instrumentalisée : le cas de la CRIEF
. Instituée en décembre 2021 par une ordonnance du CNRD, en dehors du cadre légal, la CRIEF
(Cour de répression des infractions économiques et financières) outrepasse les attributions de la
Haute Cour de justice prévue par la Constitution de 2007, à laquelle elle se substitue de manière
provisoire mais controversée.
Sélective et politique, elle épargne les membres du CNRD et ses alliés tout en s’acharnant
contre les figures de l’opposition. Elle devient un outil de persécution judiciaire, calqué sur les méthodes du tribunal révolutionnaire de Sékou Touré, au mépris du droit et des libertés fondamentales.
Histoire de la Naissance et de la Disparition d’Air Guinée
Air Guinée, première compagnie aérienne nationale de la République de Guinée, a été fondée par
décret présidentiel n°048/PRG du 31 décembre 1960, deux ans après l’indépendance du pays,
proclamée le 2 octobre 1958. Dès sa création, la Guinée s’est tournée vers l’Union Soviétique pour
équiper et structurer sa compagnie. L’URSS a fourni des avions, dont un Ilyushin 11–14, tout en
assurant la formation des pilotes et techniciens guinéens ainsi que la modernisation de l’aéroport de
Conakry. Grâce à ce soutien, Air Guinée est devenue la première compagnie aérienne d’Afrique
noire francophone au sud du Sahara.
L'Essor d'une Flotte Nationale
À ses débuts, la flotte aérienne guinéenne était composée d’un Iliouchine 18 et de trois Avia 14,
fournis respectivement par l’Union soviétique et la Tchécoslovaquie. Ces derniers ont également
assuré la formation des techniciens jusqu’en 1964. Progressivement, la compagnie a élargi sa flotte
avec des avions de moyenne portée, tels que les Iliouchine 18 et les Antonov 24. En 1979, la
Guinée acquiert son tout premier Boeing 727-200 auprès des États-Unis, suivi d’un Boeing 707-
200, puis d’un Boeing 737-200C, avant d’intégrer un Dash 8 flambant neuf en provenance du
Canada.
Air Guinée à son apogée
À la fin du régime de Sékou Touré, Air Guinée possédait une flotte remarquable, reflet de son essor à l’époque. Véritable vitrine de l’aviation nationale, la compagnie assurait non seulement les vols
commerciaux, mais aussi les déplacements présidentiels.
Le Déclin d’une Compagnie Nationale
Avec l’arrivée d’un second régime plus libéral à partir de 1984, la restructuration des entreprises
publiques s’est imposée. En 1987, Air Guinée vend ses Boeing 727 et 707. Seuls restent le 737, le
Dash 8 et un hélicoptère Puma. Dès lors, le Boeing 737 assure à lui seul les liaisons régionales et les
déplacements présidentiels. La compagnie continue toutefois de jouer un rôle social important :
transport d’étudiants vers les pays de l’Est, vols organisés pour le pèlerinage à La Mecque, parfois
même au bénéfice de pays voisins.
Malgré cette vocation humaniste, Air Guinée s’enfonce sous le poids d’une dette écrasante et d’une
gestion défaillante. Les réformes économiques imposées dans le cadre des programmes
d’ajustement structurel de la Banque mondiale et du FMI accélèrent irrémédiablement son déclin.
Privatisation et Fin Tragique
Air Guinée est privatisée en 1992, mais les restructurations échouent. En 2002, la compagnie est
dissoute. Son dernier avion, utilisé à des fins présidentielles jusqu’en 2003, est cédé à El Hadj
Mamadou Sylla, un homme d’affaires proche du pouvoir, qui fonde Air Guinée Express avec deux
avions.
Le destin de cette nouvelle entité est tout aussi funeste : l’un des appareils s’écrase à Freetown, et le
second est saisi à Perpignan, en France, pour dettes impayées. Ce dernier événement marque la fin
définitive de l’aventure Air Guinée.
Un Symbole à Réinventer
Air Guinée fut un symbole de souveraineté, de modernité et de fierté pour tout un peuple. Elle
incarnait l’ambition d’une Guinée libre, à l’image de sa monnaie et de son armée nationale.
Aujourd’hui, le pays ne possède plus un seul avion officiel. Mais les Guinéens gardent l’espoir
qu’un futur gouvernement civil et patriote relancera une compagnie nationale digne de ce nom,
faisant à nouveau flotter le drapeau rouge-jaune-vert dans les cieux africains et internationaux.
Air Guinée et Air Afrique : une gestion chaotique aux racines communes
Pour comprendre les causes profondes de la disparition de la compagnie nationale Air Guinée, il est
indispensable de faire un détour par le destin tragique d’Air Afrique, autre fleuron du transport
aérien africain, dont l’histoire ressemble en bien des points à celle de sa consœur guinéenne.
Air Afrique : un rêve continental brisé
Créée le 28 mars 1961 à Yaoundé par 11 États africains (Bénin, Burkina Faso, Cameroun,
Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, Niger, Mauritanie, Sénégal, Tchad et Togo), Air Afrique portait
l’ambition de devenir le "poumon aérien" du continent. Dès octobre 1961, la compagnie effectue
ses premiers vols. En 1963, elle acquiert son premier jet long-courrier, un DC-8-50. En 1975, elle se
dote d’un DC-10, capable de transporter 380 passagers, puis devient l'une des rares compagnies
africaines à desservir quatre continents.
Mais dès le milieu des années 1980, la descente aux enfers commence : choc pétrolier, mauvaise
gouvernance, népotisme, retards fréquents, endettement massif, refus de modernisation. Malgré
l’offre de reprise d’Air France, les résistances politiques mènent à la faillite. Le 25 avril 2002, le
tribunal du commerce d’Abidjan prononce sa liquidation.
Air Guinée, même mal, même sort
Fondée en 1960, Air Guinée n’échappe pas à cette spirale infernale. Nationalisme économique,
gestion socialiste rigide, népotisme, manque de rigueur budgétaire : la compagnie devient un
gouffre financier. Elle subit le même sort qu’Air Afrique : liquidée en 2002, dans le chaos
administratif et judiciaire.
Cellou Dalein Diallo, une cabale judiciaire aux allures de règlement de compte politique
Dans ce contexte de liquidation, Cellou Dalein Diallo, alors ministre des Transports, est
aujourd’hui accusé par la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières
(CRIEF) de malversations liées à la vente du dernier avion d’Air Guinée. Pourtant, l’homme
politique a toujours expliqué que son rôle se limitait à l’exécution de simples formalités
administratives. En Guinée comme ailleurs, la vente d’un bien d’État symbolique est décidée par
le président et exécutée par le ministère des Finances, non par celui des Transports.
Cette mise en cause de Cellou Dalein apparaît ainsi comme une manœuvre politique pour l’écarter
de l’élection présidentielle de 2025. Après l’expropriation de sa maison et la saisie de ses biens, son
exil semble davantage motivé par la survie politique que par une quelconque fuite de
responsabilité.
Un leader africain face à son destin : entre résilience et transmission
À l’image d’Ousmane Sonko au Sénégal, dont le remplaçant Bassirou Diomaye Faye a été élu
président en mars 2024 malgré leur incarcération, Cellou Dalein Diallo pourrait incarner une
figure historique de la démocratie africaine.
Mais pour cela, il doit éviter l’écueil de la politique de la chaise vide. L’UFDG, dont il est le
pilier, risque de se marginaliser s’il ne prend pas part aux grandes échéances électorales. Il doit
donc songer à désigner un candidat de substitution, capable de porter l’étendard du parti s’il lui
est impossible de se présenter.
L’alternance démocratique par la stratégie du relais
L’Histoire a déjà prouvé que transférer temporairement ou définitivement le pouvoir peut être
un acte salvateur :
Mao Zedong, Léopold Sédar Senghor, Nelson Mandela, Ahmadou Ahidjo, Boris Eltsine…
Tous ont transmis le flambeau à un successeur pour des raisons stratégiques ou personnelles.
En 2024, au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, désigné par Sonko, triomphe dès le premier
tour, incarnant le renouveau d’un pays en crise.
Cellou Dalein Diallo, homme d’État reconnu, pourrait initier une dynamique semblable, non pas
comme un renoncement, mais comme un acte de leadership visionnaire. Il ne s’agirait pas de
tourner la page, mais de préparer l’UFDG à la victoire démocratique dans un contexte d’hostilité et de répression.
Contre Simandou 2040 : une réponse politique audacieuse
Face au projet controversé « Simandou 2040 », perçu comme une tentative de la junte militaire pour
s’éterniser au pouvoir, la meilleure réponse serait démocratique, stratégique et électorale. En
désignant dès maintenant un candidat fort et crédible, Cellou Dalein Diallo envoie un message clair
: la démocratie guinéenne ne mourra pas en silence.
Conclusion : être grand sans être président
Un symbole politique ne se limite pas à une fonction. Il se construit par des décisions courageuses,
historiques et inspirantes. Cellou Dalein Diallo a aujourd’hui l’opportunité de devenir le mentor
d’une nouvelle génération de leaders guinéens et d’ouvrir la voie à une alternance démocratique pacifique et durable.
« La chaise vide » serait un suicide politique. La désignation d’un candidat de substitution, en revanche, serait un acte fondateur pour la Guinée de demain. Portons dans nos prières le charismatique leader politique Cellou Dalein Diallo, afin qu’il incarne fidèlement l’alternance politique tant attendue, au service du
peuple guinéen et pour l’édification d’une Guinée souveraine et émergente
Vive une Guinée libre, démocratique et prospère !
Vive le Congrès des Patriotes de Guinée !
Papa Attigou Bah
Leader Politique
Président du Congrès des Patriotes de Guinée

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