Haute Autorité de la Communication : Quand le zèle frôle l’abus

Par Abdoulaye Sankara
À quoi joue exactement la Haute Autorité de la Communication (HAC) ces derniers temps ?
Cette institution, qui ne bénéficie plus d’une légalité pleinement établie depuis le 31 août 2025 à minuit, semble avoir trouvé dans le zèle excessif une planche de salut, comme si un activisme intempestif pouvait prolonger artificiellement un mandat désormais caduc. Le Général Mamadi Doumbouya appréciera...
La suspension de la radio Sabari FM 97.3, dirigée par Sanou Kerfalla Cissé, professionnel de la presse, figure respectée et expérimentée du paysage médiatique guinéen, en est une illustration frappante. Sous prétexte qu’elle a diffusé en Guinée une émission – à partir d'une autre radio installée en France – animée par Lamine Guirassy, actuellement frappé d’une interdiction d’exercer, la HAC a infligé une sanction de 45 jours à la station, sans passer par les étapes intermédiaires que sont l'avertissement et la mise en demeure.
Une telle sévérité, d’une brutalité administrative presque théâtrale, ne manque pas d’interroger. La radio était-elle donc sur une liste noire de cette HAC, attendant le moindre faux pas pour être frappée d’une punition exemplaire ?
Au-delà du simple cas Sabari FM, c’est la philosophie même de la régulation qui vacille. Une autorité censée garantir la liberté d’informer et la responsabilité médiatique, mais qui, à la première occasion, s’érige en tribunal implacable, court le risque de transformer sa fin de mandat en instrument de répression plutôt qu’en gardien de l’équilibre démocratique. En période de campagne référendaire, où le climat politique est déjà lourd de tensions, une telle attitude confine à l’irresponsabilité.
La Guinée, aujourd’hui plus que jamais, a besoin d’institutions qui favorisent l’apaisement, le dialogue, et une liberté de la presse responsable, non d’instances qui, par calcul politique ou maladresse institutionnelle, ajoutent de l’huile sur le feu. La crédibilité d’une démocratie ne se mesure pas à la sévérité aveugle, mais à la capacité de ses institutions à conjuguer fermeté et justice, indépendance et discernement.
En frappant si durement une radio sans gradation dans la sanction, la HAC ne protège ni sa légitimité, ni la liberté de la presse, ni la sérénité politique dont la Guinée a cruellement besoin. Elle donne au contraire l’image d’une autorité plus soucieuse d’exister que de servir, plus prompte à sévir qu’à rassembler. Or, une institution de régulation digne de ce nom ne devrait jamais oublier qu’elle est d’abord au service de la paix démocratique, non de ses propres agendas.
La HAC gagnerait à se souvenir qu’elle est censée servir la démocratie, pas l’étouffer.
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