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Des bus annoncés à Conakry: ce qu'il faut faire pour éviter un nouvel échec

Des bus annoncés à Conakry: ce qu'il faut faire pour éviter un nouvel échec
0 commentaires, 16 - 7 - 2025, by admin

Par Ibrahima Jair Kéïta
Une très bonne nouvelle pour les populations du Grand Conakry qui s’étend désormais sur 50 km. Cette volonté du Gouvernement mérite d’être saluée.
Pour la pleine réussite du projet, il serait nécessaire d’éviter les nombreuses erreurs du passé.
1. La SOGETRAG (une société mixte de transport urbain) a rendu d’énormes services aux populations de Conakry durant une dizaine d'années, entre 1986 et 1995.
Elle a évolué de manière professionnelle, à la satisfaction unanime des Conakrykas : la discipline des conducteurs, la rigueur des contrôleurs, le respect des horaires, la propreté, l’entretien et la maintenance des bus etc. Atteignant sa vitesse de croisière, elle avait élargi son champ d’action sur certaines de nos Préfectures.
Conakry n’avait rien à envier à Dakar, Abidjan ou Casablanca en matière de transport routier urbain.
Tout était professionnel jusqu'au milieu des années 90, lorsque la gestion est revenue aux seuls cadres guinéens. Depuis, la SOGETRAG qui était promue à un bel avenir à commencer à s’éteindre, avant de mourir sous le regard impuissant des populations.
Les raisons se situeraient, selon les informations de l’époque, à deux niveaux :
a) le niveau du Ministère desTransports, dans ses relations avec le partenaire français de RVI (Renault Véhicule Industriel).
b) le niveau des cadres nommés sur des bases légères dans le Conseil d’administration et à la tête de la société.
Conséquences : mauvaise gestion des ressources matérielles, financières et humaines.
Des centaines d’emplois perdus au moment où les employés avaient fièrement capitalisé les expériences acquises avec les techniciens étrangers. Le matériel vandalisé et les ressources financières dilapidées.
Curieusement, aucune sanction n’a été prise à l’endroit des administrateurs et cadres fautifs.
La Guinée aura-t-elle une société de transport urbain comme la SOGETRAG ?
Je n’en suis pas sûr.
2. D’autres sociétés de transport public, notamment SOGUITRANS et SOTRAGUI ont été créées à partir de 2007.
Ces dernières n’ont pas produit les résultats attendus parce que leur gestion a été confiée à des cadres non-professionnels, choisis sur des bases generalement népotiques. Presque les mêmes agitateurs et opportunistes dans les couloirs des pouvoirs successifs d’alors. Là aussi, les fautifs sont restés impunis.
Pauvre Guinée ! Ces erreurs du passé doivent nous interpeller. Chaque métier est une école.
Un fonctionnaire bureaucrate, même s’il travaille au Ministère des Transports ou même s’il est bardé de diplômes, n’est de pas facto un bon gestionnaire d’une entreprise de transport. Faisons très attention.
Pour la réussite de ce projet dans l’intérêt de la Guinée, je suggère au Gouvernement et particulièrement au Ministère des Transports ce qui suit :
1. Une étude très sérieuse et pointue du projet pour la pérennité de la nouvelle société de transport urbain.
2. En faire une société mixte, avec un Partenaire technique et financier de référence.
3. Confier la gestion à ce partenaire sur une longue période, avec doublure des postes par des homologues Guinéens, à recruter par voie de test.
Il faudra éviter d’y nommer les cadres par Décret, par Arrêté ou par recommandation.
Ceux qui courent après les Décrets, les Arrêtés et les recommandations ne sont pas souvent les plus compétents ou les plus intègres des Guinéens.
Je vous assure que le professionnalisme, l’intégrité et le patriotisme habitent très peu certains de nos cadres.
4. Commencer dès maintenant à engager les travaux d’aménagement du site devant servir de base à la nouvelle société de transport.
Il n’y a presque plus d'espaces dans le Grand Conakry pour accueillir des centaines de bus, avec des ateliers, entrepôts, bureaux et autres dépendances. Au delà du transport routier urbain, je voudrais suggérer une autre solution au Gouvernement pour une mobilité plus fluide et plus aérée. Il s’agit de déplacer les ports pétrolier et minier de Kaloum vers la zone Dubréka-Boffa.
Pourquoi ?
Pour trois raisons fondamentales :
1. Débarrasser le Centre-ville (Kaloum) du très dangereux dépôt pétrolier de triste souvenir.
2. Débarrasser Kaloum et le Grand Conakry des camions citernes et remorques qui obstruent la circulation, en plus de détériorer le bitume sur la voie publique.
3. Récupérer les voies ferrées des sociétés minières de Russal Fria et Kindia, en vue d’en faire les voies du Train CONAKRY EXPRESS (Kaloum-Haute Banlieue).
Le train urbain aura ainsi deux voies sur les 2 axes Kaloum-Dubréka et Kaloum-Coyah, en attendant l’utopique Conakry-Bamako. Des dizaines de milliers de personnes seront alors transportées quotidiennement, sans encombre, dans un confort digne. Les routes seront en outre libérées pour davantage de fluidité de la circulation.
À l’exception des stations services, tout le monde trouvera son compte dans un tel programme. Nous sommes près de 4 millions dans une ville polluée et étouffée qui ne cesse de grandir. Tirons les leçons des erreurs passées et innovons pour donner à notre cadre de vie le confort de notre rêve commun.

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