La lettre de réconfort d’Albert Einstein à Marie Curie, alors malmenée par l’opinion publique
Si Marie Curie est encore aujourd’hui la seule personne reconnue par un prix Nobel en physique et en chimie, sa vie personnelle a beaucoup été critiquée par l’opinion publique et la presse.
La vie de Marie Curie n’a pas toujours été simple. En 1903, l’épouse de Pierre Curie, reçoit avec lui et Henri Becquerel, le prix Nobel de physique pour leurs recherches sur la radioactivité. Trois ans plus tard, Pierre Curie décède. Finalement, en 1911, la scientifique est à quelques semaines de remporter un second prix, cette fois-ci, celui de chimie. Elle est ainsi devenue la première et unique personne à ce jour, à avoir été récompensée dans deux domaines.
Mais ce qui préoccupe surtout la presse et l’opinion publique à ce moment, c’est sa relation avec un ancien étudiant, Paul Langevin. Bien que Langevin soit séparé de sa femme, il n’est pas divorcé. La relation entre les deux amants est révélée par la femme de Langevin qui diffuse par la presse, les lettres d’amour entre lui et Marie Curie.
L’affaire prend des proportions graves. En rentrant à Paris, d’une conférence scientifique à Bruxelles, Marie Curie est accueillie par une foule en colère devant sa maison. Les deux filles de la scientifique sont horrifiées et les passants caillassent la maison de Marie Curie. La famille est alors forcée d’aller vivre ailleurs pour un temps.
Mais dans toute cette panique, Marie Curie peut tout de même compter sur le soutien d’un autre grand scientifique : Albert Einstein. Les deux chercheurs se sont rencontrés justement à la conférence de Bruxelles. Dans une lettre retrouvée par l’astrobiologiste David Grinspoon, et mis en ligne par la Princeton University Press, Albert Einstein conseille à Marie Curie de ne pas trop prêter attention à la polémique. Science Post rapporte les écrits du scientifique :
« Très estimée Madame Curie,
Ne vous moquez pas de moi si je vous écris sans avoir rien de sensé à dire. Mais je suis tellement enragé de la bassesse avec laquelle le public ose actuellement s’occuper de vous qu’il faut absolument que je donne libre cours à ce sentiment. Cependant, je suis convaincu que vous méprisez constamment cette populace, qu’elle vous prodigue obséquieusement le respect ou qu’elle tente d’assouvir sa soif de sensationnalisme !
Je suis obligé de vous dire à quel point j’admire votre intelligence, votre dynamisme et votre honnêteté, et que je me considère chanceux d’avoir fait votre connaissance personnelle à Bruxelles. Quiconque ne compte pas parmi ces reptiles est certainement heureux, aujourd’hui comme autrefois, que nous ayons parmi nous des personnages tels que vous, et Langevin aussi, de vraies personnes avec lesquelles on se sent privilégié d’être en contact. Si la populace continue de s’occuper de vous, alors ne lisez simplement pas cette foutaise, mais laissez plutôt le reptile pour qui elle a été fabriquée.
Avec mes salutations les plus amicales à vous, Langevin, et Perrin, très sincèrement,
A. Einstein.
PS : J’ai déterminé la loi statistique du mouvement de la molécule diatomique dans le champ de rayonnement de Planck au moyen d’un mot d’esprit comique, naturellement sous la contrainte que le mouvement de la structure suit les lois de la mécanique standard. Mon espoir que cette loi soit valide dans la réalité est cependant très faible. »
Soirmag
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