Présidentielle 2025 : La grande kermesse des partis invisibles

Par Abdoulaye Sankara
La Direction Générale des Élections (DGE) a publié une première liste de plus d'une trentaine de partis politiques qui affirment haut et fort vouloir participer à la présidentielle du 28 décembre 2025.
Parmi eux, seize ont déjà prêté serment sur l’honneur – ou sur ce qu’il en reste — de présenter un candidat. Les mandataires de ceux-là pourront donc s’installer confortablement dans les deux commissions ad hoc, celle des Finances et celle chargée de la réception et de la validation des parrainages. Ils pourront commencer leurs travaux dès ce samedi avec les autres membres de l'administration déjà désignés.
Mais enfin, à voir cette avalanche de partis dont les noms donnent plus l’impression d’être sortis d’un chapeau que d’un congrès, on se demande sérieusement s’ils existent en Guinée ou s’ils viennent fraîchement importés de Nanibie, voire de Djakarta. Car en dehors du BL de Faya Millimono, de l’UDRG du Premier ministre Bah Oury, de l’UFC de l’ancien ministre Aboubacar Sylla, du PACT de la docteure Makalé Traoré, et de deux autres dont les sigles rappellent plus un amoureux éconduit et une marque de motos que des formations politiques — Fidel et ADC-BOC —, qui connaît ces entités ?
Mieux encore, comment tous ces partis sont-ils parvenus à satisfaire aux conditions d’existence légale fixées par le ministère de l’Administration du territoire, là où de grandes formations historiques comme le RPG/Arc-en-ciel et l’UFDG ont trébuché ?
Miracle administratif ou simple magie électorale ?
Quant aux seize candidats qui ont déjà juré sur l’honneur — ou sur le palpitant, selon les moyens —, le mystère reste entier. En dehors d’Étienne Soropogui, ancien commissaire de la CENI (qu’on a vu passer successivement par les NFD, l’ANAD et le FNDC, au point qu’on ne sait plus où le classer), et du docteur Ben Youssouf Kéita, ex-UFDG devenu célèbre pour son témoignage lors du procès du 28 septembre 2009, le reste de la troupe est d’une invisibilité légendaire. Des hommes sans visage, sans voix et, apparemment, sans électorat.
Et puis, tenez-vous bien, il y a même un "Parti Serviteurs du Peuple". Rien que le nom fait sourire. Serviteurs du Peuple ? Espérons qu’ils ne viennent pas pour servir le gâteau ou se le servir. À ce rythme, la présidentielle 2025 risque fort de ressembler moins à une élection qu’à une grande kermesse nationale.
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