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Les larmes de crocodile d’Alpha Condé depuis son exil doré

Les larmes de crocodile d’Alpha Condé depuis son exil doré
0 commentaires, 4 - 10 - 2025, by admin

Par Abdoulaye Samaké

Depuis son confortable exil turc, Alpha Condé a adressé un message aux Guinéens à l’occasion du 67? anniversaire de l’indépendance. Entre les lignes d’un discours soigneusement calibré, l’ancien président demande « pardon » pour les « erreurs » et « manquements » de son régime.

Une démarche qui aurait pu sembler courageuse si elle n’était pas aussi manifestement calculée et trompeuse. Car derrière ce semblant de contrition se cache la stratégie bien rodée d’un animal politique acculé. Alpha Condé ne demande pas pardon par remords sincère des centaines de vies brisées sous son règne.
Il tend la main depuis sa position de faiblesse, dos au mur, dans l’espoir de reconquérir un jour le pouvoir qu’il a perdu. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 300 personnes assassinées pendant les manifestations de l’opposition à Conakry et dans d’autres régions du pays. À Zogota, en Guinée Forestière, des citoyens ont été réveillés par une répression sanglante d’une brutalité inouïe. Ces crimes ne sont pas le fruit d’erreurs ou de manquements. Ils résultent de décisions politiques délibérées, planifiées, exécutées avec la froide détermination d’un régime résolu à écraser toute contestation. Lorsque Condé évoque pudiquement des « erreurs », il insulte la mémoire des victimes et la douleur de leurs familles. Une erreur, c’est un accident, une maladresse involontaire.
Observer des forces de sécurité de tirer sur des manifestants désarmés, planifier des opérations de répression dans des régions entières, maintenir un système de violence d’État pendant des années : cela ne relève pas de l’erreur, mais du crime prémédité.
Ses « condoléances » et son « pardon au nom de l’État guinéen » constituent une double imposture. D’abord parce qu’il ne représente plus l’État guinéen depuis son renversement en 2021. Ensuite parce qu’on ne présente pas de condoléances pour des crimes qu’on a soi-même ordonnés.
C’est comme si un pyromane présentait ses condoléances aux victimes de l’incendie qu’il a lui-même allumé. Alpha Condé est un maître incontesté de la manipulation politique. Cet ancien opposant devenu dictateur connaît tous les ressorts de la communication pour attendrir, diviser et reconquérir. Son message du 2 octobre ne vise pas à panser les plaies de la nation guinéenne. Il cherche à créer une brèche dans le camp de ceux qui n’ont pas oublié ses crimes, à séduire les cœurs les plus fragiles, à se refaire une virginité politique en vue d’un hypothétique retour.
L’artisan de la division communautaire en Guinée, celui qui a instrumentalisé les clivages ethniques pour asseoir son pouvoir, se présente aujourd’hui en père de la nation blessé. Cette posture victimaire est d’autant plus obscène qu’elle émane d’un homme qui a consciemment et méthodiquement fracturé le tissu social guinéen pour mieux régner.
Son passage au pouvoir de 2010 à 2021 restera dans l’histoire comme une période de « gouvernance criminissime ».
Torture, disparitions, assassinats politiques, répression systématique, violations massives des droits humains : le bilan est accablant. Et chacun de ces actes n’était pas le fruit du hasard ou de l’improvisation, mais bien de décisions réfléchies et assumées au plus haut niveau de l’État.
Le « cœur plein de chagrin » qu’il évoque dans son message sonne terriblement faux.

Où était ce chagrin lorsque ses forces de sécurité tiraient à balles réelles sur des jeunes manifestants ?

Où était ce chagrin quand les policiers ont dressé une femme être censé être protégé même en période de guerre comme bouclier humain contre les jets de pierres à Wanindara ?
Où était Alpha Condé quand on tirait sur des adolescents rentrant de l’école le soir ? Où était-il quand ses hommes allaient larguer des gaz lacrymogènes le lendemain dans les familles en deuil ?
Où était ce prétendu chagrin quand les forces de sécurité ont tiré des balles et des bombes lacrymogènes en pleine inhumation de ses victimes dans un cimetière ?
Où était-il lorsque le chef de la police, dans un cynisme révoltant, a déclaré dans les médias que c’était « le vent qui a orienté l’odeur du gaz lacrymogène au cimetière » ?

Ce chagrin opportuniste, exhibé depuis le confort de son exil doré, n’abuse que ceux qui veulent bien être abusés. Si Alpha Condé aspire véritablement au pardon, une seule voie s’offre à lui : se présenter devant les juridictions compétentes pour répondre de ses actes.
Qu’il donne sa « part de vérité » non pas dans des messages Facebook soigneusement rédigés, mais devant un tribunal où les familles des victimes pourront le confronter. Qu’il assume ses responsabilités pénales et non pas politiques.
Le pardon authentique ne se décrète pas depuis un salon confortable ou doré en Turquie.
Il se mérite par la reconnaissance pleine et entière de ses crimes, par la coopération avec la justice, par la réparation matérielle et morale des victimes. Rien de tout cela ne transparaît dans le message lénifiant de Condé.
Les Guinéens doivent se méfier de ce vieux communiste « rouge », spécialiste de la manipulation et de la ruse politique. Son parcours démontre qu’il est capable de commettre pire encore s’il en a l’occasion. Cet homme qui a trahi tous ses idéaux d’opposant pour devenir un autocrate sanguinaire ne mérite aucune confiance.
Son message intervient dans un contexte politique précis: Affaibli, marginalisé, privé de pouvoir, Alpha Condé tente de se repositionner sur l’échiquier politique guinéen. Cette demande de pardon n’est qu’une étape dans une stratégie de reconquête. Demain, si les circonstances le permettent, ce même homme pourrait à nouveau briguer le pouvoir, fort de cette « réconciliation » qu’il aura lui-même orchestrée.
Les crimes contre l’humanité ne se prescrivent pas. Les larmes de crocodile d’un dictateur déchu ne peuvent effacer les torrents de sang versé sous son règne. La Guinée a tourné une page douloureuse de son histoire. Elle ne doit pas se laisser distraire par les manœuvres d’un homme qui, malgré son grand âge, n’a rien perdu de son ambition dévorante ni de son cynisme politique.
Le véritable honneur de la nation guinéenne réside non pas dans l’acceptation de ce faux pardon, mais dans l’exigence de justice pour toutes les victimes du régime Condé. Que chaque famille endeuillée sache que ce message depuis la Turquie n’est qu’une nouvelle manipulation d’un maître manipulateur.
Alpha Condé peut demander pardon autant qu’il le souhaite depuis son exil. Sans justice, sans vérité, sans réparation, ses mots resteront ce qu’ils sont : la dernière ruse d’un dictateur qui refuse d’assumer pleinement la gravité de ses actes. La Guinée mérite mieux que les remords calculés d’un homme qui n’a jamais eu de remords sincères.

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