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Les grandes transhumances politiques : du RPG à l’UFDG, vers l’air du CNRD

Les grandes transhumances politiques : du RPG à l’UFDG, vers l’air du CNRD
0 commentaires, 2 - 9 - 2025, by admin

Par Abdoulaye Sankara ( Abou Maco )
Le fameux Moalim Touré (présenté comme "ancien conseiller à la Présidence" sous l'ancien régime) qui criait haut et fort : « Nous sommes derrière Alpha Condé jusqu'à sa mort », quitte le RPG/Arc-en-ciel pour s’inscrire désormais dans l’esprit du CNRD. Étrange ? Pas vraiment. Pourquoi ne suis-je pas étonné ? Il souffle en ce moment, dans l’air politique guinéen, une sorte d’instinct naturel pour les militants de l’ancien parti au pouvoir, celui du Professeur Alpha Condé, de se fondre dans la dynamique du CNRD du Général Mamadi Doumbouya. Mystère insondable ou simple mécanique de survie ? La question reste ouverte.
Ce mouvement n’est d’ailleurs pas une surprise. Il était prévisible dès le départ – nous l’avions d’ailleurs signalé sur cette même page en 2022 – et les faits se chargent, jour après jour, de confirmer ce que beaucoup préféraient nier. Mais ce qui étonne en revanche et que nous n'avions pas prévu, c’est ce nomadisme politique qui s’étend désormais à certains cadres et militants de l’UFDG, happés eux aussi par l’attraction du CNRD. Dans ce dernier cas, sous la bénédiction, ou faudrait-il dire le grenouillage, du ministre Ousmane Gaoual Diallo, devenu maître de cérémonie des grandes migrations partisanes.
Faut-il voir dans ces revirements spectaculaires l’effet direct des sanctions infligées par le ministère en charge des libertés publiques, qui fragilisent les deux grandes formations, désormais d’opposition ?
Ou faut-il, plus prosaïquement, y lire la volonté de remplir des tubes digestifs désespérément vides, dans un contexte de crise et de vie chère ?
À moins que ce ne soient les deux, ce qui, en Guinée, n’étonnerait personne.
L’exemple de Moalim Touré, passé du RPG/Arc-en-ciel au CNRD, pourrait n’être qu’un prélude. D’autres, discrets ou hésitants jusque là, suivront sans doute, se libérant du poids d’anciennes fidélités pour embrasser la cause nouvelle.
Ou, pour reprendre l’expression grinçante de certains détracteurs, allons-nous assister bientôt à une véritable "ruée vers l’or" ?
Rien n’est moins sûr, mais les conciliabules en coulisses vont bon train, aussi bien au niveau du RPG/Arc-en-ciel que de l’UFDG, sous "le courant d'un instinct naturel de ralliement à la cause" d'un côté, et de l'autre, sous les auspices d’un Ousmane Gaoual Diallo toujours aussi insaisissable : stratège habile d’un côté, mais paradoxalement en conflit avec des figures majeures du CNRD – en termes de mobilisation – comme Paul Moussa Diawara, directeur de la Marine Marchande, qu’il vient de suspendre pour de sombres affaires financières portant sur des conflits de compétence où, ironie du sort, il n’a peut-être pas la raison administrative avec lui...
Après la défection remarquée du nommé Moalim Touré du RPG/Arc-en-ciel et de Cellou Baldé de l’UFDG, une question se pose : à qui le tour ? La liste des futurs "convertis" reste ouverte. Mais il convient de souligner une nuance : contrairement aux premiers "trouffions", des "insultologues" partis dans un fracas de rancune et d’invectives, ces derniers n’ont pas insulté leurs anciens mentors. Ni le Professeur Alpha Condé, ni Elhadj Cellou Dalein Diallo n’ont été voués aux gémonies par leurs deux anciens militant et cadre.
C’est que, même en politique, on peut changer de camp sans trahir la mémoire de ceux qui vous ont tendu la main et fait connaître à l'opinion. Comme le rappelait à juste titre l'ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana avec une image bien guinéenne : « Ne donnez pas du sang à ceux qui vous ont offert un bol de lait frais. » D’autant plus que si le CNRD espère rallier à sa cause les nombreux militants encore hésitants du RPG/Arc-en-ciel, il gagnerait à conseiller à ses thuriféraires de cesser leur sport favori : insulter le professeur Alpha Condé.
Finalement, la transhumance politique en Guinée n’a rien de nouveau ; elle change seulement de décor et d’acteurs. Hier, on migrait vers le RPG/Arc-en-ciel pour exister, aujourd’hui on se presse sous l’ombrelle du CNRD.
Demain, qui sait ?
Dans ce théâtre mouvant, la constante qui demeure est que les convictions s’effacent souvent devant l’instinct de survie. Et le peuple, lui, observe, désabusé, ces ballets où l’honneur s’échange trop souvent facilement contre quelques miettes de pouvoir.

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