Le général Konaté entre en scène pour soutenir le « Oui » au référendum constitutionnel et la candidature de Mamadi Doumbouya

Par Abou Maco
Alors que la Guinée se prépare à un référendum constitutionnel décisif, l’ancien président de la transition, le général Sékouba Konaté, sort de sa réserve pour apporter un soutien appuyé au projet de nouvelle Constitution et à la candidature pressentie du général Mamadi Doumbouya. Depuis son village de Sanah en Haute-Guinée, le message est clair : au-delà du texte, il s’agit de consolider une continuité militaro-civil au sommet de l’État.
Depuis l’étranger, l’ancien président de la transition guinéenne, le général d’armée Sékouba Konaté, fait entendre sa voix. L’ex-homme fort de la transition de 2010, aujourd’hui en retrait de la scène politique nationale, a donné des consignes claires en faveur d’une mobilisation pour le « Oui » au projet de nouvelle Constitution porté par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). C’est à Sanah, son village situé dans la région de Kankan, en Haute-Guinée, que le mouvement en faveur du « Oui » a été officiellement lancé, avec l’ambition de rallier l’ensemble de Tron et de la région à cette cause.
La sortie du général Konaté intervient dans un contexte où le débat autour du projet de nouvelle loi fondamentale cristallise les positions. Si plusieurs partis politiques regroupés au sein des Forces vives de Guinée (RPG/Arc-en-ciel, UFDG et UFR notamment) expriment quelques réserves sur certains aspects de cette nouvelle Constitution, une tendance générale se dégage : l’adhésion à l’idée d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel, par la tenue d’élections devant mettre un terme à une transition entamée depuis près de trois ans, le 5 septembre 2021.
Selon le chronogramme actuel, le référendum constitutionnel est prévu pour le 21 septembre prochain. Son organisation reste, à ce stade, sous la houlette de la Direction générale des élections (DGE), structure technique nouvellement créée par décret et rattachée au ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD). Cette disposition est appelée à évoluer : en cas d’adoption du texte, une nouvelle autorité électorale indépendante devrait être créée, dans l’esprit d’une réforme institutionnelle en profondeur. Mais en attendant, la DGE conserve légalement ses prérogatives, même si certaines formations politiques semblent déjà en contester la légitimité ou l’impartialité.
Pour plusieurs observateurs, le véritable enjeu ne réside plus tant dans la tenue du référendum que dans la capacité des acteurs politiques à anticiper la future configuration de l’administration électorale. À l’image de l’ancienne Commission électorale nationale indépendante (CENI), la future entité pourrait inclure paritairement des représentants des partis politiques, de la société civile et de l’État sûrement à travers la DGE. Se positionner dès à présent pour y jouer un rôle actif pourrait s’avérer déterminant pour la suite du processus de transition et le contrôle sur la régularité des élections à venir après le référendum constitutionnel.
Dans ce contexte, l’appel à la mobilisation de Sékouba Konaté prend une toute autre dimension. Ancien chef d’État ayant dirigé la première transition post-Conté, il s’affiche désormais comme un soutien assumé au processus enclenché par son "frère d’armes", le général d’armée Mamadi Doumbouya. La déclaration de son représentant sur place à Sanah, Mamady Konaté, ne laisse guère de place au doute : « Aujourd’hui, nous sommes réunis pour exprimer notre soutien indéfectible à la candidature du Général Mamadi Doumbouya au prochain scrutin présidentiel. C’est un moment crucial pour la Guinée, un moment où nous devons faire preuve d’unité et de détermination pour bâtir un avenir meilleur. Depuis le 5 septembre 2021, notre président incarne l’espoir et la résilience… »
La solidarité exprimée entre ces deux officiers supérieurs, les seuls à avoir accédé au grade de général d’armée en Guinée, s’inscrit dans une logique de continuité au sein de la hiérarchie militaire. Reste à savoir si cette posture aura un effet d’entraînement au sein de la grande muette, traditionnellement influente dans les périodes de transition politique. Il reste entendu que pour être candidat, Mamadi Doumbouya devrait se débarrasser de ses habits militaires. Même si, comme on le sait, un Général d'Armée n'est jamais à la retraite.
Un autre militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara ancien président du CNDD, récemment gracié par le général Mamadi Doumbouya pour sa condamnation dans le dossier du 28 septembre 2009, demeure pour l’instant silencieux. Officiellement en soins hors du pays, sa position, si elle venait à être rendue publique, pourrait rebattre les cartes, notamment dans sa région natale de la Guinée Forestière.
Faudrait-il, comme Sanah en Haute Guinée, s'attendre à une déclaration de Koulé en Guinée Forestière ? Wait and see !
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'à l’approche du scrutin référendaire, les lignes de fracture sont moins idéologiques qu’opérationnelles. Si la classe politique tergiverse, l’armée, elle, semble vouloir tracer la voie. Reste à savoir si la dynamique impulsée depuis Sanah se transformera en un véritable levier de légitimation pour un projet qui, bien au-delà d’un simple vote, engage l’architecture institutionnelle et l’avenir politique de la Guinée.
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