Quand le syndicaliste Abdoulaye Sow nous apprend son… marxisme !
Par Abou Maco
Répondant à une question d'un média électronique local, le syndicaliste des banques et secrétaire général de l'USTG, Abdoulaye Sow, s’est senti pousser une barbe philosophique en attribuant aux marxistes une citation qu’ils ne reconnaîtraient sans doute même pas sous hypnose collective. Voici la scène :
" Par rapport à la crise imminente à la BCRG, avez-vous un message à adresser aux parties prenantes ?
Abdoulaye Sow : Oui, c’est de continuer à dialoguer. C’est le seul message que je peux lancer. C’est le dialogue qui permettra de trouver la solution. Comme le disent les marxistes : « C’est dans la contradiction que jaillit la lumière. » Nous allons continuer à discuter demain, toute la journée s’il le faut. Mais je suis convaincu que nous trouverons une issue. J’en suis sûr. Soyez rassurés : une solution sera trouvée. Je suis un homme de dialogue, un homme de paix, mais aussi de transparence, de sincérité, et engagé dans la défense des intérêts des travailleurs de Guinée."
Voilà. C’est dit. Marx aurait été ravi. Ou pas.
Car contrairement à ce que laisse entendre notre camarade syndicaliste, les marxistes n’ont jamais dit que la contradiction produisait de la lumière comme une ampoule LED branchée sur le courant du bon vouloir. Dans la dialectique marxiste, la contradiction ne se résout pas avec un sourire, une table ronde et un café chaud, mais plutôt avec un bon vieux rapport de force, des grèves musclées et, accessoirement, une révolution.
La « lumière » dans la contradiction, chez Marx, c’est quand le prolétariat renverse la bourgeoisie, pas quand deux délégués syndicaux s’échangent des regards bienveillants autour d’un plateau de petits fours de l'hôtel Noom.
Mais M. Sow, dans un effort louable de conciliation bibliothéco-militante, nous sert donc une citation non référencée, non revendiquée, et probablement jamais prononcée, sauf peut-être par un coach en développement personnel égaré dans un meeting d'un parti communiste.
Bref, ce n’est pas marxiste, c’est marxo-compatible, dans le meilleur des cas. Et encore, avec une mise à jour périmée.
Cette manière d’enrober un appel au dialogue avec un soupçon de dialectique révolutionnaire est un grand classique de la rhétorique syndicale : on convoque Marx, on fait mine de sortir Le Capital, et on finit avec un protocole d’accord signé au calme avec une poignée de main républicaine.
Alors non, cher camarade Sow, la lumière ne jaillit pas de la contradiction chez les marxistes, elle jaillit plutôt du soulèvement, de la lutte de classes, et accessoirement des cocktails Molotov (version XIXe siècle, bien sûr).
Mais on vous rassure : la confusion est pardonnable. Après tout, ce n’est pas parce qu’on cite Marx qu’on fait la révolution. Sinon, on aurait déjà collectivisé trois ou quatre banques à Conakry ( ... ) Il ne faut pas aussi nager dans une piscine mal maîtrisée.
"Apprendre avant de savoir" reste, comme toujours, gratuit, même si une petite cotisation syndicale pour couvrir les frais de lecture dialectique ne serait pas de refus
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