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Qu’avons-nous fait de notre indépendance depuis 1958 ?

Qu’avons-nous fait de notre indépendance depuis 1958 ?
0 commentaires, 30 - 9 - 2024, by admin

Par Sitan Sinè Sidibé
Il n’y a rien de plus normal que la célébration d’une indépendance. Ça y va de soi. Ça se fête dans tous les États du monde. Par ceux qualifiés de pauvres comme par ceux estimés développés.
Ce n’est donc pas parce qu’on a du mal à s’en sortir qu’on a pas droit à la célébrer. Rien qu’à se rappeler les sacrifices qu’avaient consentis nos illustres devanciers pour s’en convaincre. Rien qu’à nous imaginer comme une colonie pour mesurer son importance.
En vérité, le problème n’est pas le fait d’avoir l’indépendance, ni de la fêter, mais ce que nous en avons fait depuis là. L’histoire a donné raison à la Guinée qui a osé réclamer la sienne avant beaucoup d’autres, quoique la manière puisse être jugée peu diplomatique, mais tous les pays qui avaient voté Oui avaient fini par recouvré les leurs.
Maintenant, la question n’est pas celle de savoir si nous la méritons ou pas, ça serait insensé et naïf, la vraie question est de savoir qu’est-ce que nous en avons fait depuis 58 ?
Le premier régime nous a octroyé cette indépendance dans les conditions que tout le monde connaît. Il était bien prévisible, vu ces mêmes conditions, que la tâche ne serait pas du tout facile au jeune État d’alors pour avoir défié l’un des plus puissants États du monde.
Il était donc normal d’être toujours en état d’alerte, même si des abus en avaient résulté. Entre la nécessité de protéger la souveraineté acquise et la mise en place d’un programme de développement structurel, la première a dominé tout le long de ce régime.
Le deuxième régime, celui de Conté, devrait être une occasion en or pour mettre en place un véritable programme de développement, puisqu’il n’avait non seulement aucune puissance ennemie sur le dos, mais aussi il pouvait lucidement tirer des leçons sur les dérives du passé en conservant ses acquis. Mais ça, c’était sans compter sur l’implantation d’un système corrompu jusqu’à la limite de l’inconcevable. Inutile de dire que ce régime, qui fut le plus long dans l’histoire du pays, fut une catastrophe.
La transition du CNDD avait été brève mais avec des conséquences majeures sur l’histoire du pays. C’est elle qui nous a conduits vers le régime Condé.
Dieu ! Que cet homme était vachement attendu par les Guinéens, même ceux qui n’avaient pas voté pour lui. De la richesse de sa lutte politique, de son expérience, de ses réseaux diplomatiques et du soutien inconditionnel qu’une bonne partie du peuple guinéen lui témoignait, Alpha Condé était bien parti pour soulager les Guinéens, hélas, nous n’étions accrochés qu’à la queue d’un oiseau. C’était « l’éléphant arrivé avec un pied cassé ». Condé est ce politicien qui ne s’est battu que pour avoir le pouvoir sans penser à son exercice. Et lorsqu’il l’a eu, il ne s’est préoccupé que de sa conservation et non encore de son bon exercice. Résultat : une autre transition
La transition en cours depuis le 05 Septembre 2021 est loin d’être celle qui avait été promise lors de son avènement. En tout cas elle a tendance à nous faire regretter le passé. C’est ça la vérité. De la violation flagrante des règles de droit, des droits les plus élémentaires des citoyens à la répression arbitraire et mortelle, y a vraiment de quoi s’inquiéter pour l’issue de cette transition. Puisqu’il faut toujours espérer, on espère donc que le Général Mamadi Doumbouya surprendra les Guinéens en se taillant une place au bon côté de l’histoire de ce pays.
La célébration de notre indépendance doit être donc une occasion pour nous de tirer des leçons sur tous ces échecs enregistrés au cours de notre histoire afin de rattraper ce qui nous a manqué.
Les Guinéens ont la solution à leur problème. Ils le savent peut-être, mais ils semblent ne pas encore prêts à y faire face : l’union autour de l’intérêt supérieur de la nation. Le jour où nous ferons preuve de cette vertu indispensable au progrès, tous les pouvoirs rentreront dans les normes.
Sitan Sinè SIDIBE
Juriste-Écrivain

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