Guinée: une démocratie jeune et ménacée ( Papa Attigou Bah )
La Guinée fait aujourd’hui face à une dérive grave qui menace les fondements mêmes de son ordre constitutionnel et de son avenir démocratique.
La candidature du Général Mamadi Doumbouya, chef de la junte militaire issue du coup d’État du 5 septembre 2021, s’inscrit en rupture avec la Charte de la transition, le serment de prise de fonction et les engagements solennels pris devant la nation et la communauté internationale. Cette initiative compromet la crédibilité de la transition et traduit un recul inquiétant de l’État de droit.
Le scrutin prévu le 28 décembre 2025 apparaît, dans sa configuration actuelle, comme un processus destiné à consacrer un pouvoir issu de la force plutôt qu’à permettre une expression libre, pluraliste et authentique de la souveraineté populaire. L’organisation d’une élection ne saurait, à elle seule, produire la légitimité ; seule une compétition honnête, ouverte et équilibrée peut fonder l’autorité démocratique.
I – CONSTATS MAJEURS SUR LA DÉRIVE DU PROCESSUS TRANSITIONNEL
1. Une crise profonde de légitimité
Le pouvoir en place, né de la rupture de l’ordre constitutionnel, ne répond plus aux attentes de la population. L’absence de vision partagée et la distanciation progressive des engagements initiaux ont affaibli la confiance dans les institutions de transition.
2. Des institutions fragilisées et affaiblies
La transition n’a pas permis de construire un cadre institutionnel stable, impartial et capable de garantir l’État de droit.
Ni l’indépendance du pouvoir judiciaire, ni l’équité du processus électoral, ni la protection des libertés publiques ne sont aujourd’hui assurées.
3. Une personnalisation préoccupante du pouvoir
La concentration des prérogatives entre les mains d’un seul acteur, au détriment des mécanismes de contrôle démocratique, accentue les tensions politiques et fait peser des risques considérables sur l’unité nationale.
4. La persistance de facteurs structurels défavorables
Chômage des jeunes, pauvreté, inégalités, corruption, restrictions des libertés fondamentales : autant de dysfonctionnements qui s’aggravent et qui entravent durablement le développement démocratique, social et institutionnel du pays.
II – RISQUES ET CONSÉQUENCES POUR LA NATION
1. Une instabilité politique chronique
L’absence de légitimité réelle et la faiblesse du cadre institutionnel exposent la Guinée à des cycles répétés de tensions et de ruptures, contraires à la stabilité indispensable au développement.
2. Un recul manifeste des idéaux démocratiques
En s’éloignant des principes de liberté, de justice, d’égalité et de responsabilité, la transition compromet les acquis historiques du peuple guinéen, dont les luttes ont toujours été guidées par l’aspiration à un État de droit digne et respecté.
3. Un scrutin dépourvu de garanties essentielles
Le processus annoncé pour le 28 décembre 2025 se caractérise par :
l’absence de véritable compétition électorale,
des restrictions préoccupantes des libertés publiques,
l’exclusion ou la marginalisation de forces politiques majeures,
un contrôle unilatéral et opaque de l’organisation des opérations électorales.
Un scrutin ainsi encadré ne peut produire ni légitimité, ni adhésion, ni stabilité.
III – EXIGENCE INSTITUTIONNELLE : POUR DES ÉLECTIONS LÉGITIMES ET RESPONSABLES
Une élection n’est légitime que lorsqu’elle respecte les conditions suivantes :
participation libre et ouverte de tous les acteurs politiques ;
égalité d’accès aux médias et aux espaces de campagne ;
respect strict des libertés fondamentales ;
neutralité de l’administration électorale ;
transparence totale du vote et du dépouillement ;
acceptation mutuelle des règles du jeu démocratique.
Le scrutin du 28 décembre 2025, dans son état actuel, ne répond à aucune de ces exigences fondamentales.
La transition avait pour finalité de restaurer l’ordre constitutionnel. Elle ne peut être dévoyée en moyen de prolongation ou de consolidation d’un pouvoir militaire. L’armée guinéenne, institution républicaine par essence, n’a ni vocation ni mandat à exercer le pouvoir politique.
IV – APPEL SOLENNEL À LA MOBILISATION CITOYENNE ET AU SURSAUT NATIONAL
Le Congrès des Patriotes de Guinée (COPAG) appelle l’ensemble des citoyennes et des citoyens, en Guinée comme dans la diaspora, à exercer pleinement leurs droits civiques, à défendre les valeurs constitutionnelles et à se mobiliser pour la préservation de l’État de droit.
Cette mobilisation doit être :
responsable, afin de ne pas mettre en péril la cohésion nationale ;
ferme, pour exiger le respect des engagements de transition ;
unie, car aucune transformation durable n’est possible dans la division ;
exigeante, car la démocratie n’est ni un slogan ni une apparence, mais une réalité qui se construit par la vigilance et l’engagement de tous.
Le peuple de Guinée a déjà démontré, à des moments déterminants de son histoire, sa capacité à défendre ses droits et sa dignité. Aujourd’hui encore, il lui appartient d’exiger un retour à un ordre constitutionnel qui garantisse la justice, la transparence et la responsabilité publique.
CONCLUSION
Pour nos institutions, pour notre avenir collectif et pour les générations futures, la Guinée ne peut renoncer à ses aspirations démocratiques. Le pays mérite des institutions solides, un leadership respectueux du droit et une transition fidèle à sa mission première.
Que vive une Guinée républicaine, démocratique et pleinement souveraine.
Que vive le Congrès des Patriotes de Guinée (COPAG).
Papa Attigou Bah
Leader Politique
Président du Congrès des Patriotes de Guinée (COPAG)

0 Commentaires
Publiez le 1er commentaire pour cet article !