Transhumance politique : Adhérer librement, partir pour garantir le quotidien ( Tribune )
Par Souleymane Souza Konaté
Un curieux phénomène agite aujourd’hui la scène politique nationale : on recrute au sommet sans parvenir à convaincre la base, à travers des manœuvres tortueuses qui ne changent rien à l’arithmétique électorale.
Des responsables de partis politiques, notamment de l’UFDG, sont activement approchés par des dignitaires du régime soucieux de les débaucher à tout prix. Certains résistent, fidèles à leurs convictions et à leur dignité. D’autres, plus vulnérables ou lassés de la lutte, finissent par céder à la tentation. Mais souvent, à peine partis, ils tombent dans l’oubli et la banalité. Car tant qu’on est courtisé, on a une valeur marchande ; une fois rallié, on devient un pion de plus sur l’échiquier du pouvoir.
Pour l’UFDG, chaque défection est certes regrettable, mais sans conséquence majeure : un de perdu, dix de retrouvés. Le parti, fort de sa base fidèle et militante, demeure une force solide, enracinée et résiliente. Dans les cercles du pouvoir, chaque ralliement obtenu ouvre la chasse aux prochaines cibles. Pourtant, le bénéfice politique de ces transhumances reste invisible. Les premières gratifications font rapidement place à des promesses qui tardent à se concrétiser. Il faut bien reconnaître la difficulté à contenter tous les transfuges, les nouveaux convertis et les soutiens historiques, tous en attente de récompense.
Certains, faute des promotions rêvées, s’accrochent désespérément aux fonctions acquises. Beaucoup d’appelés, peu d’élus. D’ailleurs, dans les couloirs du pouvoir, on murmure que ces nouvelles recrues arrivent trop tard et ne présentent plus grand intérêt, maintenant que la voie semble libre et que le besoin de renforts s’amenuise.
Quitter son camp pour rejoindre le pouvoir ressemble désormais à un saut dans l’inconnu. Les recruteurs eux-mêmes, qui s’emploient à débaucher pour se donner de l’importance, ne sont pas assurés d’un avenir stable. Car qui peut dire si ce régime durera ou s’effondrera soudainement, comme tant d’autres avant lui ?
L’UFDG, elle, a survécu à tous les régimes depuis sa création. Elle conserve sa base, plus déterminée que jamais, et attire toujours davantage de Guinéens convaincus qu’elle reste le seul rempart fiable face aux crises et impasses politiques. Nul ne doute aujourd’hui de sa victoire ni de son avenir.
El Hadj Cellou Dalein Diallo n’a jamais été aussi proche du pouvoir : les obstacles dressés devant lui sont artificiels et ne sauraient résister à l’épreuve du temps. Quant aux politiques migrateurs, ces éternels déménageurs en quête d’opportunités, ils risquent, au premier revers de fortune, de se retrouver orphelins de leurs convictions et prisonniers de leur avidité.
Céder à la tentation du gain immédiat est une faute stratégique et morale. Car lorsqu’on devient esclave de ses intérêts, on n’est plus maître de soi. On passe d’une main à une autre, d’un bord à l’autre, sans honneur ni gloire.
Rester fidèle à ses convictions est difficile, certes, mais toujours payant. La cohérence inspire le respect et la patience demeure un chemin d’or.
Trop pressé, arrive toujours en retard.

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