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Accusations d’ethnicisme : Aboubacar Soumah plonge l’AFP dans la tourmente

Accusations d’ethnicisme : Aboubacar Soumah plonge l’AFP dans la tourmente
0 commentaires, 1 - 11 - 2025, by admin

Par Sékou Sylla
La plateforme politique censée incarner le soutien au président de la transition vit ses heures les plus sombres. L’Alliance des Forces Patriotiques (AFP), dirigée par l’ancien parlementaire Aboubacar Soumah, traverse une zone de turbulences majeure qui menace son existence même.
Au cœur de la tourmente, des accusations explosives d’ethnocentrisme et de pratiques claniques qui éclaboussent directement le coordinateur national. La déflagration est survenue cette semaine avec la suspension de Cheick Traoré, ex-député et ancien sous-préfet de Kassa, pour une durée de trois mois.
Officiellement sanctionné pour « faute lourde », l’intéressé serait en réalité victime d’un règlement de comptes politique aux relents communautaires, selon des sources concordantes au sein du mouvement.
Les dessous de cette affaire révèlent un malaise profond. Une correspondance adressée par Cheick Traoré au président de l’Arbre à palabre a mis le feu aux poudres. Dans ce réquisitoire accablant, l’ancien élu pointe du doigt la dérive ethniciste d’Aboubacar Soumah, particulièrement lors de la mise en place de la coordination préfectorale de Dubréka.
Le coordinateur national est formellement accusé d’avoir écarté la responsable locale provisoire sur la base de critères purement ethniques, ravivant ainsi les vieux démons qui ont jadis déchiré le tissu social guinéen.
Dans sa lettre dont des extraits ont filtré, Cheick Traoré ne mâche pas ses mots.
Il dénonce une « communautarisation » et une « politique d’ethnocentrisme » orchestrées par Aboubacar Soumah, en totale contradiction avec les principes d’unité prônés par le mouvement.
Plus grave encore, il estime que cette gestion clanique fondée sur l’appartenance ethnique trahit les valeurs portées par le Général Mamadi Doumbouya et compromet la mission de rassemblement confiée à l’AFP.
Ces accusations ravivent douloureusement le souvenir d’une Guinée longtemps meurtrie par les logiques d’exclusion communautaire qui ont semé la division et la défiance entre les différentes composantes du peuple guinéen.
Face à ces accusations dévastatrices, Aboubacar Soumah observe un silence assourdissant. Le coordinateur national s’est retranché derrière un mutisme prudent, refusant tout commentaire détaillé sur les véritables mobiles de la suspension. Une stratégie de l’esquive qui alimente davantage les soupçons et confirme, aux yeux de nombreux observateurs, la véracité des griefs formulés.
Mais le coup de grâce est venu ce vendredi. Youssouf Diakhaby, coordinateur régional de l’AFP à Conakry, a claqué la porte avec fracas. Dans une déclaration sans ambiguïté rendue publique, il évoque « des dysfonctionnements internes graves, une absence de transparence dans la gestion, et une dérive clanique qui étouffe toute initiative de réforme et d’ouverture ». Un camouflet cinglant pour Aboubacar Soumah, dont la gestion est frontalement remise en cause.
Cette hémorragie interne survient à peine quelques mois après la création de cette coalition politique qui se voulait le fer de lance du soutien au chef de la transition. Les promesses d’harmonie et de cohésion se sont rapidement évaporées, laissant place à un naufrage organisationnel patent.
Le profil même d’Aboubacar Soumah soulève des interrogations légitimes. Ancien député de l’UFDG, candidat malheureux aux élections communales de Dixinn en 2018, l’homme traîne une réputation sulfureuse marquée par des revirements politiques opportunistes.
Son crédit auprès de l’opinion publique guinéenne demeure fragile, entaché par ce que d’aucuns qualifient de nomadisme politique guidé par des considérations personnelles plutôt qu’idéologiques.
L’émergence de tensions communautaires au sein d’une structure censée soutenir le président Doumbouya constitue un signal d’alarme préoccupant.
Depuis son accession au pouvoir en septembre 2021, le chef de l’État a veillé scrupuleusement à préserver l’équilibre ethnique et à éviter les écueils communautaristes qui ont gangréné les régimes précédents et plongé la Guinée dans des décennies de divisions meurtrières.
Le pays a payé un lourd tribut à ces pratiques d’exclusion ethnique qui ont alimenté la méfiance entre communautés, fragilisé la cohésion nationale et hypothéqué le développement.
La gestion calamiteuse d’Aboubacar Soumah à la tête de l’AFP menace de réintroduire ces démons du passé dans un contexte où les plaies ne sont pas encore totalement cicatrisées.
Les observateurs avertis de la scène politique guinéenne appellent le président de la transition à la plus grande vigilance.
S’appuyer sur une plateforme minée par des querelles ethniques et dirigée par une personnalité controversée pourrait s’avérer contre-productif, voire dangereux pour l’image d’inclusion et de dépassement des clivages que cultive le Général Doumbouya.
Cette débâcle soulève une question fondamentale : l’AFP peut-elle encore prétendre incarner un projet politique crédible quand ses dirigeants sont accusés de reproduire les pratiques sectaires et les logiques d’exclusion ethnique qui ont longtemps empoisonné la vie politique guinéenne et causé d’innombrables souffrances au peuple ?
Dans un pays traumatisé par des décennies de gestion communautariste du pouvoir, où les cicatrices des discriminations ethniques restent vives dans la mémoire collective, la résurgence de telles accusations constitue une menace existentielle pour la stabilité nationale.
La réponse appartient désormais au président Doumbouya, qui devra décider s’il maintient son soutien à une structure en pleine déliquescence morale et organisationnelle, au risque de voir son projet d’unité nationale compromis par des individus porteurs des vieux réflexes divisionnistes.
( Avec leverificateur, partenaire de nouvelledeguinee )

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