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Mamba Sano (1903 - 1985): de la mélodie populaire Alpha Yaya" à l’Hymne national "Liberté"

Mamba Sano (1903 - 1985): de la mélodie populaire               Alpha Yaya
0 commentaires, 6 - 10 - 2025, by admin

Par Jean Baptiste Williams
Certes, la grande figure historique d’Alpha Yaya est honorablement connue, hautement admirée de nous tous, mais je crois que beaucoup ignorent l’origine du magnifique chant qui a perpétué son souvenir dans la mémoire populaire en Guinée, en Afrique, voire dans le monde grâce aux enregistrements sur disques répandus en Europe, en Amérique et en Asie.
D’où vient ce chant prestigieux, désormais à jamais immortel parce que devenu notre Hymne National ? Par qui, quand, en quel lieu et en quelle occasion fut-il composé et entonné ? Quelle fut sa fortune au fil des années jusqu’à son apothéose actuelle qui en a fait l’hosanna d’actions de grâces, lesymbole auditif distinctif de tout un peuple fier et digne, né à l’indépendance par son vote historique du 28 Septembre 1958 ?
Une rapide incursion dans le passé permettra de répondre à ces questions par les faits que je vais exposer dans leur déroulement chronologique et dans leur authenticité vécue.
On sait que jusqu’à la capture de l’Almamy Samory en 1898, la dénomination coloniale de Rivières du Sud s’appliquait uniquement à la Basse-Guinée. Le protectorat du Fouta-Djalon s’y ajouta en 1896, à la suite d’un traité signé avec l’Almamy de Timbo. Quant à la Haute-Guinée, elle relevait encore du commandement militaire de Kayes (chef-lieu du Soudan Français de l’époque), en raison de la mémorable résistance de l’armée samoryenne qui, pendant 18 ans, de 1881 à 1898 tint en échec la France. En effet, entre ces deux dates mémorables, en maints endroits et à plusieurs reprises, successivement et farouchement, les colonels Borgnis-Desbordes, Frey, Boislève, Galliéni, Archinard, Combes, Humbert, Monteil, Audéoud… croisèrent le fer avec l’Almamy Samory, sans l’abattre.
C’est en 1899 que notre pays (sauf d’insignifiantes rectifications ultérieures sur les frontières des enclaves étrangères) fut délimité et regroupé en sa forme actuelle sous le nom de Guinée Française et incorporée dans la Fédération de l’A.O.F. dont la capitale impériale fut d’abord Saint-Louis-du-Sénégal, puis Dakar.
Cependant, à part Kissidougou fondé en 1893, la région forestière n’était pas encore conquise. Les régions toma et guerzé resteront hostiles et imparfaitement soumises jusqu’en 1912. Le soulèvement de Gomba et l’insubordination koniagui dont on craignait la contagion incendiaire provoquèrent de dures et sanglantes répressions par des expéditions militaires.
L’indomptable Alpha Yaya incarna l’âme de la résistance nationale à Labé jusqu’en 1910 ; deux fois déporté, il préféra la mort en exil à la vie sous la domination française. Après la constitution de la colonie, la situation générale ne fut pas pour autant de tout repos, la pacification (euphémisme pour désigner la guerre d’asservissement) se poursuivit aux confins et sur les points névralgiques du territoire. Dans une telle conjoncture grâce à l’extension de son pouvoir résultant de la nouvelle physionomie politique de la Guinée, le Gouverneur Ballay, alors titulaire du poste, prit mesure de l’ampleur et du surcroît d’obligations et de responsabilités qui devenaient les siennes. Aussi, — ancien médecin de la mission de Brazza au Congo, habitué au contact humain et convaincu de l’utilité de la « palabre » en Afrique, crut-il devoir convoquer à Conakry tous les chefs de canton du territoire, pour une conférence doctrinale destinée à imposer ses vues et sa manière de gouverner.
Je vous laisse deviner les fatigues sans nombre, les mille contrariétés inhérentes à un tel voyage à pied, par monts et par vaux à travers une nature hostile où la faune et la flore semblaient s’être liées pour traquer l’homme. Imaginez un déplacement de grappes humaines sur des pistes difficiles peu praticables à travers des forêts et des rivières sans ponts. Imaginez-le surtout
Le texte est signé Mamba Sano (Paix à son âme )

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