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France : la colère gronde, le pouvoir vacille, et les médias détournent les yeux

France : la colère gronde, le pouvoir vacille, et les médias détournent les yeux
0 commentaires, 11 - 9 - 2025, by admin

Par Abdoulaye Sankara
Alors que la France s’embrase sous la colère populaire, les grands médias internationaux, si prompts à condamner les crises ailleurs, observent un timide silence et se montrent peu loquaces sur le sujet. Entre répression policière et refus d’Emmanuel Macron d’entendre un peuple en révolte, c’est l’image même de la démocratie française qui vacille sous les yeux du monde.
Le 10 septembre 2025, la France a connu une journée de paralysie nationale d’une ampleur rare. Sous le mot d’ordre "Bloquons tout", des centaines de milliers de manifestants ont envahi les rues, bloqué des routes, fermé des zones industrielles et occupé des carrefours stratégiques. Partout, la même exigence ! Celle de la démission d’Emmanuel Macron et la fin d’un système politique jugé sourd aux appels de la population.
Dès l’aube, plus de 175.000 manifestants s’étaient déjà mobilisés sur l’ensemble du territoire. On a recensé plus de 550 rassemblements, plus de 260 blocages et 812 actions à travers le pays. À Paris, Nantes, Rennes, Marseille, la colère s’est exprimée dans un vacarme de sifflets, de slogans et de barricades. Les forces de l’ordre, fidèles à la stratégie du tout-répressif, ont répondu par des centaines d’interpellations et des charges brutales. La capitale, elle seule, a vu 339 personnes arrêtées tandis que la police lançait des sommations face à des cortèges déterminés à ne plus reculer.
Mais ce qui frappe, ce n’est pas seulement l’ampleur de la mobilisation ni la violence des répressions. C’est la timidité sur le sujet des médias impérialistes (France24, TV5 Monde, LCI, RFI, Jeune Afrique, AFP), habituellement si prompts à s’enflammer pour la moindre étincelle dès qu’elle jaillit à Bamako, Niamey ou Ouagadougou. Quand l’Afrique tremble, on crie au "chaos", on dénonce des "dictatures" et des "régimes aux abois". Mais quand la France bloque, quand la police charge, quand les rues de Paris s’embrasent, soudain, les grandes chaînes qui prétendent incarner la voix universelle de la démocratie deviennent étrangement amnésiques.
Le deux poids, deux mesures est saisissant. Si un tel soulèvement avait éclaté dans un pays de l’AES, les plateaux de télévision seraient saturés de débats sur "l’instabilité chronique" et les "régimes militaires en déclin". Mais quand c’est la France qui étouffe, quand le président lui-même est contesté jusque dans la rue, l’indignation médiatique s’évapore.
Pourtant, Emmanuel Macron s’accroche au pouvoir avec une ténacité qui ressemble fort à celle de certains dirigeants africains – comme Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire – accusés de vouloir régner à vie. Et malgré le rejet massif de ses réformes et une colère sociale qui monte en flèche, le chef de la junte française continue d’avancer comme si de rien n’était, protégé par une machine médiatique qui ferme les yeux sur les violences policières et minimise l’ampleur du soulèvement populaire.
La France aime donner des leçons de démocratie au monde entier. Mais aujourd’hui, les images des rues bloquées, des manifestants aspergés de gaz lacrymogène, des citoyens arrêtés pour avoir simplement crié leur colère, montrent un pays où le pouvoir refuse d’entendre son peuple. Et où les médias qui prétendent défendre la liberté et la vérité se révèlent peu loquaces quand le désordre se produit sous leurs propres fenêtres.
Un jour peut-être, ils admettront que la répression n’a pas de frontières et que la démocratie ne se juge pas à la couleur du passeport. En attendant, les rues françaises, elles, ont parlé. Et elles continueront de le faire tant qu’on ne les écoutera pas.

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