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Kouyaté : " J'ai lancé un appel pour que l'opposition accepte de faire preuve de dépassement, transcender les ego des uns et des autres pour amoindrir le fossé qui nous sépare"

 Kouyaté :
0 commentaires, 13 - 3 - 2015, by admin

Le président du PEDN a-t-il raison d'avoir refusé de siéger à l' Assemblée Nationale ? A-t-il été plus visionnaire que ses pairs de l'opposition présents à l' Assemblée ? Alors que le pays fait du surplace depuis l'arrivée d' Alpha Condé au pouvoir, les faits semblent avoir donné " raison" à l'ancien premier ministre du gouvernement de large consensus. L'opposition parlementaire a, faut le reconnaître, perdu du temps. Pour rien. Dans la mesure où, la crise a empiré depuis que la CENI a dévoilé le calendrier électoral. Face aux problèmes qui minent à nouveau la Guinée, le patron du PEDN a bien voulu accorder une interview à www.nouvelledeguinee.com, via le téléphone. Pendant que la Guinée poursuit sa dangereuse glissade. Pour Lansana Kouyaté, il est temps que l'opposition parle le même langage si elle veut éviter le pire. Il est également revenu sur l'insécurité galopante en Guinée, mais aussi sur la nomination controversée du général Bouréma Condé à la tête du très stratégique ministère de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation. Interview.... NG : monsieur le président, pensez-vous que la présidentielle va se tenir cette année ? Lansana Kouyaté : s'il n' y a pas d'élections, c'est ce que le président de la République aurait voulu. Toujours, est il que, faire les élections présidentielles avec les structures qu'il a mises en place, c'est-à-dire les délégations dites spéciales, qui n'ont rien de délégations spéciales, parce que le temps qui leur est imparti par la loi est largement dépassé, il revient à garantir par la fraude sa reconduction en tant que président sortant. Au cas où cela ne marche pas, Alpha Condé reste là alors qu'il est hautement impopulaire. Au jour d'aujourd'hui, près de 80 % des populations sont déçues de lui. Y'a qu'une poignée de thuriféraires qui le soutiennent. NG : certains de vos collègues de l'opposition appellent à un soulèvement populaire pour chasser Alpha Condé du pouvoir au cas où il serait tenté de le confisquer contre la volonté du peuple. Qu'en pensez-vous ? Lansana Kouyaté : je crois que, ce qui doit suivre dans les jours à venir, c'est la coordination de l'opposition. ET, j'ai lancé un appel à partir de Paris, sur une chaîne de télévision française, pour que l'opposition guinéenne accepte de faire preuve de dépassement, transcender les ego des uns et des autres pour amoindrir le fossé qui nous sépare. Tout en sachant bien que la contradiction principale, c'est entre le président de la République et le peuple de Guinée. Un peuple qui a faim, un peuple qui a soif, un peuple qui est sans électricité, un peuple qui ne voit aucune perspective d'avenir. NG : comment se porte le PEDN, votre parti, alors que vous êtes à l'extérieur de la Guinée depuis plus d'un an ? Lansana Kouyaté : le PEDN se porte à merveille. Et ça, je crois que, la meilleure preuve, c'est qu'au PEDN, la démocratie respire. Les gens savent que je ne vais pas accaparer le " pouvoir". ET, je leur ai toujours dit que le président du parti appartient au parti. Et le parti ne lui appartient pas. Que je sois présent ou pas, ceux qui sont là, avec convictions, et en sachant que nous avons un programme très clair et que nous allons contribuer, le plus positivement possible au développement de ce pays, tous ceux ci travaillent donc sur le terrain. Et, ça se vérifie en Forêt, ça se vérifie en Haute Guinée, ça se vérifie partout où nous avons installé des sections, en Basse Côte comme au Fouta. Le PEDN, c'est un parti qui n'a pas voulu s'inscrire dans la logique ethnique. C'est un parti transversal, je dirai transnational. C'est la raison pour laquelle, je suis confiant que le parti se porte bien. Bien sûr, on a toujours besoin d'un leader, et, c'est ce que j'assume même à distance. NG: vos adversaires soutiennent que vous êtes en exil. Le retour au pays, c'est quand ? Lansana Kouyaté : ( Rires ) Ecoutez : la vérité est simple. Les militants de la diaspora sont en train de créer des structures à l'extérieur, et ça se voit partout où je suis passé : en Allemagne, ici même à Paris, le bureau a été renouvelé. A Strasbourg, la section a été installée en janvier dernier,Sur Marseille, le contact a été pris, en Côte d' Ivoire, presque toutes les structures sont aujourd'hui mises en place. Comme vous le savez, j'étais aux Etats-Unis où le bureau a été renouvelé. Nous continuons comme ça. Je suis allé au Maroc, j'ai rencontré les membres du PEDN et, aujourd'hui, je suis en contact avec ceux du Canada. A distance , on est en train de voir comment ils peuvent mettre un bureau en place. Et j'irai un peu plus-tard. Après Conakry, je trouverai l'occasion d'aller à Montréal pour serrer la main à tous les membres du bureau. Ce n'est pas que je sois au chômage. Je travaille, même pour la Nation Guinéenne NG : récemment, un député du RPG ( parti au pouvoir ndlr ) vous a accusé d'avoir placé un de vos proches à la CENI. Est ce vrai ? Lansana Kouyaté : Je suis absolument certain que celui-ci est en train de reprocher, mais sous cape, c'est-à-dire en cachette, au président de la République d'avoir nommé son fils comme son conseiller principal, qui est au dessus des ministres. En parlant de Mamady Condé ( le représentant du PEDN à la CENI ndlr ), je dirai que c'est un neveu parce que c'est le fils de ma sœur. Sa grand-mère maternelle et mon père sont de même père, même mère. Moi, je choisis les gens en fonction de leur compétence. D'abord, pendant la transition militaire, dans le gouvernement de Jean Marie Doré, j'ai désigné un cadre du parti. Ce n'était pas Elhadj Mamady Condé. Dans le premier gouvernement d' Alpha Condé, demandez à ceux qui ont vu la liste que j' avais envoyée, à l'époque, au moment où on pensait à tort que c'est l'accord signé entre le professeur Alpha et moi-même, en présence de témoins, que c'est celui-ci qui allait être respecté. J'ai envoyé une liste. Demandez à tout le monde si Condé faisait partie de cette liste. Quand il a fut question de nommer nos représentants au CNT ( Conseil National de la Transition ndlr ), il n'avait pas, non plus, son nom sur cette liste. Parce qu' on avait besoin de lui au sein du parti - ensuite il ne pouvait pas remplir, avec la même efficacité, les fonctions qui sont celles de la CENI. Je voudrais vous rappeler que c'est en juillet 2013, quand la CENI a fait un rapport très élogieux sur son propre rôle, il a fallu que j’appelasse monsieur Condé ( représentant du PEDN à la CENI ndlr ) qui était volontairement omis de la liste de cette session commune : mouvance, opposition, communauté internationale. Il a fait éclater la vérité sur tous les secteurs de la CENI. Son intervention a été, alors, décisive sur les recommandations prises au cours de cette rencontre. La CENI exigeait le courage, l'expérience, la pugnacité. Toute chose que Condé possède. Ce sieur du RPG, dont vous parlez, a joué un rôle tellement sale dans l'histoire pas lointaine de la Guinée qu'il ne mérite pas une réponse si ce qu'il a dit ne porte pas sur des questions aussi graves que celles qu'il a suscitées dans le passé. Si c'était par népotisme, j'aurai envoyé ceux qui étaient de ma famille aussi bien au gouvernement qu'au CNT. Je ne l'ai pas fait. Alors, dites à ce sieur du RPG de se tourner du côté de son chef. NG: que pensez-vous de la nomination du général Bouréma Condé à la tête du ministère de l' Administration du Territoire et de la Décentralisation ? Lansana Kouyaté : je me demande pourquoi Bouréma Condé. Ce que j'ai ouïe dire, c'est qu'on a envoyé un militaire parce que, selon eux, il y' a de l'insécurité au pays. Mais, à ce que je sache, il y'a un ministère de la Sécurité, tout comme un ministère de la Défense. Pour être ministre de la Décentralisation, il faut répondre à d'autres critères. Je demande fraternellement au général Bouréma Condé de faire très attention et de rester du côté du peuple. NG: comment pourriez vous expliquer les nombreux assassinats de personnalités publiques qui restent toujours impunis ? Lansana Kouyaté : les commanditaires doivent avoir la haute main. Parce que c'est fait, ce n'est pas jugé. On a arrêté quelqu'un , semble-t-il, qui aurait dit qu'il travaille officiellement. Dans tous les cas, il a été présenté aux services de sécurité. Donc, ça veut dire : il y'a quelque chose de totalement incohérent à propos des agissements du gouvernement. Agir et s'agiter font deux. Ce gouvernement s'agite en disant qu'il combat l'insécurité alors que, quelque part, il a des commanditaires qui sont connus, auxquels, il ne peut pas s'attaquer. NG : d'après mes informations, le capitaine Moussa Dadis Camara est livré à lui-même à Ouagadougou. Le président Alpha Condé ne respecterait pas son statut d'ancien président et aurait cesser de l'entretenir..... Lansana Kouyaté : je sais qu'une loi a été prise pour que les anciens présidents aient leurs droits. Alors, qu'est ce que le professeur Alpha entend par ancien président ? Je ne suis pas dans son esprit pour le savoir. Interview réalisée au téléphone, par Mamadou Saliou Diallo avec la collaboration de Diarouga Baldé

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